Succession à la gendarmerie : L’affaire Joël Nkouemo, le premier jalon dans l’élimination du Général Jean Baptiste Tine

Usurpation d’identité
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Le désormais ex Haut Commandant de la gendarmerie nationale pourrait être considéré comme un rescapé si on se fie à plusieurs de ses proches. Officier émérite, le Général Jean Baptiste Tine qui vient d’être remplacé par un autre général, le très célèbre Moussa Fall, avait frôlé le pire dans sa carrière quand éclata l’affaire dite Joël Nkouemo. Un camerounais arrêté par la DIC à la suite d’une information d’un gendarme. Le président Macky Sall ayant flairé le coup foireux à l’époque, comme étant une querelle interne, avait promu l’enfant de Poniène.

Si Joël Nkouemo est un homme de main des services secrets israéliens, ce qui a mis en alerte la hiérarchie policière dans cette affaire, c’est la provenance de la source. Des soupçons de la toute nouvelle DGPN Anna Sémou Faye qui seront confirmés deux ans plus tard devant le tribunal par l’un des avocats du camerounais. En mai 2015, Me Malick Mbengue avait crié au complot en prenant la défense de Joël Nkouemo arrêté en 201 . « Si les faits étaient avérés, tous les généraux cités comparaîtraient pour l’enfoncer », a argué l’avocat. Abondant dans le même sens, Me Sow reste persuadé que Joël Manou est victime collatérale de la lutte de succession qui faisait rage au sein du Haut commandement de la gendarmerie. « Comme il était très proche du Général Tine qui était en pôle position, et il était écouté par l’autorité, on a pensé que son avis pouvait compter », a soutenu l’avocat.

Cette affaire qui avait des relents de règlements de comptes, avait énormément porté préjudice au Général Jean Baptiste Tine qui se voyait déjà à la tête du Saint des saints de la gendarmerie. Cette affaire « Joël Nkouemo » l’affecta beaucoup au point qu’il avait failli, démissionner mais, le président Macky Sall qui venait d’en faire un officier général, l’en dissuada en lui confiant compter sur son expertise et sa confiance. De quoi s’agissait-il ?

Les enquêteurs de la Division des Investigations Criminelles (Dic) sont informés de l’arrivée à l’aéroport du sieur Joël Nkouemo. La source de leur indiquer que l’individu en question était non seulement un agent étranger évoluant au Sénégal mais, fricotait avec les plus hautes autorités avec la complicité de certains officiers dont le tout nouveau général Jean Baptiste Tine de la gendarmerie. Son arrestation et la perquisition à son domicile ont permis aux limiers d’avoir de fortes raisons de penses que Joel Nkouemo, né le 14 juillet 1990 à Batoufam-village, situé à l’Ouest du Cameroun- serait un espion.

Lors de son interrogatoire, Joël Nkouemo citera le nom de plusieurs officiers avec qui il prenait l’apéro régulièrement. Il révèlera également ses audiences au Palais avec l’ancien président Abdoulaye Wade. Sa proximité d’avec Macky Sall le chef de l’état nouvellement élu qui l’aurait mandaté en tant que Conseiller Spécial sans l’officialiser par un acte.

En effet, dans le cadre de leur enquête, les services de la police judiciaire ont entendu  le lieutenant colonel Pape Moussa Ndiaye, commandant de l’Ecole militaire de Santé. Ce dernier leur a dit avoir été présenté à Nkouemo, en septembre 2012, par le colonel Jean Baptiste Tine devenu par la suite premier général sous Macky Sall. Ce, parce que l’intéressé voulait faire admettre le frère de Nkouemo à l’école militaire de Santé.

Le médecin du Président au lieutenet-colonel Pape Moussa Ndiaye : « Il m’a dit travailler pour le Mossad »

Le lieutenenat-colonel Ndiaye informe la Dic avoir reçu Nkouemo pour lui indiquer la procédure régulière que devrait suivre son frère s’il voulait être admis dans l’établissement.

Pour autant, il affirme avoir eu des doutes sur les fonctions de « conseiller spécial » du Président dont disposerait Nkouemo. C’est ainsi qu’il a saisi le colonel Mouhamadou Mbengue, médecin personnel du Président de la République, afin que ce dernier vérifie si Nkouemo était bel et bien un conseiller spécial.

Le colonel lui a rétorqué ne pas connaître un conseil spécial qui porte ce nom. Cela dit, il révèle au lieutenant Ndiaye, comme le rapporte ce dernier aux enquêteurs, avoir rencontré Nkoumeo lors d’une réception organisée par l’ambassade du Cameroun au Sénégal à l’hôtel Ngor Diarama. Et ce jour là, Nkoumeo lui a avoué appartenir au Mossad, les redoutables services secrets israéliens.

Nkoumeo avoue et révèle le nom de son parrain: Marc Rvalman

Des fonctions que Nkoumeo ne nie pas, en plus de confirmer l’intégralité de la déposition faire par le lieutenant-colonel Ndiaye. Au contraire, pressé de questions par les enquêteurs de la Dic suite ses rapports avec les services secrets isréaliens, il leur avouera avoir comme « parrain » le nommé Marc Rvalman, un ressortissant israélien qui lui a demandé des rapports réguliers sur le Mali, la Côte d’Ivoire, la Casamance.

Nkoumeo ajoutera que dans le cadre de cette « collaboration », il a eu à faire des compte-rendus réguliers à son « parrain » lors de la Présidentielle de 2012. D’ailleurs, d’après Nkoumeo, son parrain avait pensé à un moment lui confier la direction d’une Centre régional de sécurité (Crs) au Sénégal.

Selon le Camerounais, la dernière visite de son « parrain » au Sénégal remonte à avril 2013, et il avait souvent ses quartiers au Radisson ou au King Fahd Palace. Il dit ne pas disposer de ses contacts car ce dernier, très méfiant, ne le contactait qu’une fois au Sénégal.

Infiltration tous azimuts à travers des filles d’officiers

A côté de cette activité, Nkoumeo a informé les enquêteurs qu’il était aussi le représentant de Global Company International, une société qui serait spécialisée dans les évacuations sanitaires.

Pour autant, il avait réussi la prouesse d’infiltrer le haut commandement. Aussi, il a informé les enquêteurs connaître le chef d’état major particulier du Président, Saliou Ndiaye ; Samba Fall le directeur de la Documentation et de la Sécurité extérieure des armées ; et le général Jean Baptiste Tine.

S’il dit avoir connu les premiers grâce à leurs filles, il informe que concernant le général Tine, il lui a été présenté par un ancien commandant de la brigade de gendarmerie de Ouakam.

Des détournements d’un ancien ministre des Forces armées de Wade

Lors de la perquisition effectuée par les enquêteurs à son domicile sis à Comico au numéro 52, il a été saisi des documents relatifs à Ad Trade, chargé de la fourniture des équipements pour les forces Fpu, la mission sécuritaire en service au Mali. Nkoumeo jure qu’il n’était que leur « facilitateur » et prend même à témoin un général à la retraite, C.G.

Pour autant, la Dic a été stupéfaite de découvrir à son domicile un lot d’enveloppes portant logo et entête du Haut Commandement pour la Gendarmerie Nationale, un chèque Bicis de 20 millions Fcfa en date du 17/07/2012 au nom de « Sorsy Kemlam Elom » ; une copie d’une décret autorisant le versement d’un fonds d’avance au profit de la Gendarmerie nationale, une lettre numéro 049/ascb/2012 en date du 18/08/2012 adressée au Président Macky Sall, qui parlait des difficultés rencontrées par le … personnel diplomatique sénégalais au Congo. Le Camerounais affirme que la lettre lui a été remise par l’Ambassadrice du Sénégal au Cameroun, Mme Batoura Kane Niang.

La plus incroyable des découvertes effectuées par la Dic est une note détaillée qui révèle une série de détournements qu’aurait commis un ancien ministre des Forces armées, cité nommément. Très amnésique, le mis en cause jure ne pas savoir comment cette note a pu se retrouver chez lui.

En exploitant les appareils électroniques de Nkouemo, les enquêteurs ont mis la main sur une série de documents estampillés « confidentiel » de la gendarmerie nationale.

Concernant les documents relatifs à l’équipement du Fpu,le Camerounais affirme qu’ils lui ont été remis par une autre israélien du nom de Idam Pertz. Quid du véhicule DK2589P Hyundai Sonata dont les pièces ont été retrouvées à son domicile ? Nkoumeo affirme qu’il s’agit d’un véhicule réformé de la gendarmerie nationale qu’il a acheté et offerte à … l’épouse d’un général.

Joël Manou, sera déféré et poursuivi pour faux en écriture privée, tentative d’escroquerie et usurpation de fonction mais, on n’aura pas réussi à lui faire dire que le Général Tine était son protecteur malgré les visites assidues en prison et les promesses de lendemains meilleurs.

Atlanticactu.com